Booster sa libido grâce à un spray nasal? “On l’appelle le ‘viagra féminin’…”

En tant que femme, sera-t-il bientôt possible de booster sa libido en achetant une simple pilule ou un spray nasal ? Ce scénario pourrait bien devenir réalité grâce à la « kisspeptine », un médicament lié au désir sexuel spécialement conçu pour le beau sexe. Dans les colonnes de Het Laatste Nieuws, la Belge Julie Bakker, cheville ouvrière de cette recherche révolutionnaire, en explique le fonctionnement. Certains l’appellent le « viagra féminin », mais c’est trompeur ».

Hormones, stress, fatigue : de nombreux facteurs peuvent influencer la libido d’une femme. Mais est-il possible de réveiller ce désir sexuel qui sommeille en chacun de nous ? Des recherches sont en cours pour répondre à cette question, et la « kisspeptine » pourrait bien être la clé pour ouvrir les vannes du désir.

Des scientifiques de l’Imperial College de Londres ont récemment testé le médicament sur des cobayes humains. Des hommes et des femmes ayant une faible libido ont reçu une injection de kisspeptine. Ils ont ensuite regardé des films érotiques en étant allongés dans une machine IRM. Les résultats ont été tout à fait remarquables. Selon les participants, l’aphrodisiaque a bel et bien fonctionné. Des témoignages qui entrent en résonance avec l’activité cérébrale liée au désir sexuel qui a pu être analysée sur les scanners.

La professeure et neuroscientifique belge Julie Bakker (Université de Liège) mène des recherches sur la kisspeptine depuis plusieurs années. Pour elle, cela ne faisait aucun doute : ce produit allait révolutionner le milieu et devenir une drogue sexuelle dédiée aux femmes.

Tout d’abord, qu’est-ce que la kisspeptine ?
Julie Bakker : « La kisspeptine est une protéine créée par les neurones du cerveau. Elle active toute une série de réactions et stimule, entre autres, la production d’hormones sexuelles. Chez l’homme, il s’agit des androgènes et de la testostérone. Chez la femme, ce sont les œstrogènes. La kisspeptine joue donc un rôle clé dans la création du désir. »

Pourquoi est-ce surtout intéressant pour les femmes ?
« Il existe de nettes différences au niveau sexuel. Les femmes ont plus de neurones à kisspeptine. Cela suggère donc qu’ils remplissent une fonction très spécifique. »

« Lorsque nous parlons de désir, le mécanisme entre les femmes et les hommes est très différent. Le cerveau d’un homme s’excite assez rapidement. Chez la femme, une réaction en chaîne doit d’abord se produire, au cours de laquelle les hormones sexuelles se réveillent.

Quels sont les plus grands perturbateurs chez les femmes ?
« Nous savons que le désir sexuel féminin est partiellement régulé par les hormones. Cela se manifeste clairement chez les animaux. Les femelles ne sont intéressées que lorsqu’elles ovulent. Le mâle est toujours ouvert à un rapport. Chez l’homme, c’est moins rigide, mais des études ont montré que les femmes étaient plus désireuses d’avoir des relations sexuelles ou de rencontrer d’autres personnes lorsqu’elles étaient plus fertiles. »

« Dans cette optique, il est tout à fait logique que le désir sexuel diminue lorsque le système endocrinien est perturbé. Pensez à la ménopause, par exemple, lorsque les ovaires ne produisent plus d’œstrogènes. Cela a un effet négatif important sur la libido ».

« Beaucoup de femmes disent que la pilule a un impact désastreux sur leur libido. C’est une conséquence possible, puisqu’elle supprime la régulation hormonale, et donc la fluctuation normale des hormones. Tout est plat, pour ainsi dire. Cependant, l’effet varie d’une personne à l’autre ».

Comment fonctionne la kisspeptine ?
« Il agit littéralement sur votre cerveau, dans l’espoir de déclencher le système de désir chez les femmes. Certains l’appellent le « viagra féminin », mais cela est trompeur. Le Viagra augmente le flux sanguin vers le pénis. Le mécanisme est donc complètement différent.

Les recherches sont-elles presque terminées ?
« Les collègues britanniques ont, pour la première fois, testé le médicament sur des humains. Mais la recherche est loin d’être terminée. Après l’analyse de l’activité cérébrale, nous devons également mesurer l’impact physiologique. Je pense par exemple à l’excitation vaginale. Avant de se retrouver dans les rayons de votre pharmacie, des essais cliniques doivent encore être menés sur de grands groupes de femmes. Le potentiel est là, mais je vois encore des problèmes à régler d’abord ».

Par exemple ?
« La kisspeptine stimule la production d’hormones sexuelles. Chez les femmes ménopausées, cela n’a pas vraiment d’importance puisqu’elles n’ovulent plus. Mais chez les jeunes, elle peut stimuler l’ovulation et donc entraîner des grossesses non désirées. On peut aussi dérégler tout le système endocrinien et cela peut créer d’autres problèmes de santé ».

« Nous devons donc réussir à réduire ces effets indésirables. Et il devrait y avoir des instructions d’utilisation très claires, telles que : ne l’utilisez qu’une fois par semaine. Jamais quotidiennement. »

« Nous sommes également confrontés à un deuxième problème : le mode d’administration de la kisspeptine. Les chercheurs britanniques ont utilisé une perfusion, mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire chez soi. Il faut donc trouver des solutions alternatives plus pratiques.

Quelles sont les différentes options ?
« Je sais que les scientifiques développent une sorte de capsule qui se décompose au bon moment dans l’organisme pour que la kisspeptine puisse se rendre dans les régions du cerveau qui doivent être stimulées. »

« La deuxième voie actuellement envisagée est celle du spray nasal. Quand on fait une petite recherche sur Google, on se rend compte que certains sont déjà disponibles sur le marché. Mais n’en achetez pas, s’il vous plaît. Ils n’ont pas été suffisamment testés sur l’homme. Nous ne savons pas si le spray atteint réellement le cerveau, et encore moins ce qu’il contient. Dans le meilleur des cas, il ne s’agit que d’une solution saline ».

Faut-il prendre de la kisspeptine dès que l’on a l’intention d’avoir des rapports sexuels ?
« En effet. Dans mes recherches sur les souris, il s’est avéré que la kisspeptine fonctionnait lorsqu’elle était ingérée avant le rapport sexuel. Un quart d’heure ou deux heures avant, ce n’est pas très important. La kisspeptine est une protéine qui est rapidement dégradée dans le sang. Elle se dissipe après quelques heures, mais ce n’est pas un problème. Il n’est pas nécessaire d’avoir une concentration très élevée pour que cela fonctionne. Une très petite quantité peut suffire à mettre la machine en marche ».

Cela ressemble presque à un remède miracle, mais de nombreux facteurs peuvent encore influencer la libido, comme le stress, le romantisme….
« Les remèdes qui fonctionnent pour tout le monde : cela n’existe pas. Même le viagra ne fonctionne pas pour tous les hommes. Oui, cette petite pilule bleue crée une érection, mais si vous avez la tête ailleurs, elle ne vous servira à rien. Une foule d’autres facteurs jouent un rôle. Les femmes qui ont un travail très prenant et des enfants en bas âge doivent courir de droite à gauche toute la journée. Lorsqu’elles se reposent un peu, elles ne sont pas forcément d’humeur à faire l’amour. La qualité de votre relation a également son importance.

Quand pouvons-nous espérer voir ce médicament dans nos pharmacies ?
« De nombreuses recherches doivent encore être menées avant d’obtenir le feu vert de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Cela devrait se faire dans les dix ans. Cependant, je pense que le produit sera relativement cher. Le Viagra était également très cher après sa mise sur le marché. 20 à 50 euros pour un spray nasal me semble réaliste. Au fur et à mesure que la demande augmentera, les prix baisseront.

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