Faire une pause, est-ce bon pour mon couple ?
Faire une pause, faire un break comme on dit, c’est risqué pour son couple. Alors pour assurer le coup, mieux vaut fixer quelques règles.
Le consentement mutuel
A priori, décider ensemble, c’est toujours mieux. Mais dans la réalité, l’un des deux est bien souvent obligé d’accepter ce que l’autre demande (voire impose). C’est moi qui veux faire un break ? Dans ce cas, c’est facile : même si l’orgueil de monsieur s’aplatit, on contrôle la situation. En revanche, si c’est lui qui décrète « on se sépare un peu, juste pour réfléchir », là, c’est moins drôle. Réfléchir ? On va plutôt turbiner à plein régime !
Un peu comme Inès, 31 ans, qui a « offert » un break à son copain Thomas. « Il a fait des études brillantes. Ses parents ne l’ont pas lâché avant qu’il obtienne son master Médecine et Humanités. Après le remplacement d’un médecin généraliste, il a refusé un CDI. Étrange lorsqu’on a des envies de couple. On cohabitait depuis deux ans quand j’ai découvert sur son ordi un mail au sujet d’une mission humanitaire de quatre mois au Botswana. Je suis devenue blême. » Thomas a décidé de réaliser un vieux rêve. Une récompense qu’il se gardait au chaud. « Je n’ai jamais été au courant de son besoin d’ailleurs. Il a juré qu’il comptait m’en parler. Trop tard. J’ai voulu le quitter mais je l’aimais trop pour me dire qu’il n’avait pas droit au bonheur. » Alors Inès a patienté. « Il a bien fallu que j’accepte la situation, mais j’étais tributaire de son choix. Je l’ai vécu comme une trahison. »
L’avis de la psy :
Il est évident qu’un break est rarement une décision concomitante. Méfiance, il peut être une forme de rupture non assumée : l’un sait qu’il en a fini avec l’histoire mais n’a pas le courage de l’affirmer. C’est injuste, car maintenir l’autre dans l’espoir revient à ne pas le respecter. Le break est une période très fragilisante pour un couple, à double tranchant. Faire la démonstration que l’autre nous manque ou au contraire que l’on peut se passer de lui, c’est un pari risqué. La seule garantie qu’il ne s’agit pas d’une rupture dissimulée ? Le consentement mutuel… ou du moins, l’acceptation.
Comment ?
Réfléchissez bien avant de prendre une décision : tout ne s’arrangera pas comme par miracle en appuyant sur pause. Le mieux pour avancer ? Lister. Pas besoin de papier, mais un face-à-face où chacun questionne l’autre sur ce qui le dérange. Évidemment, « vexation » ne doit pas faire partie de votre vocabulaire. Le but est d’apporter des solutions et de se remettre en question, pas de ressasser non-stop les défauts de l’autre.
La date limite de consommation
Le break doit avoir un début et une fin, à savoir une date de péremption. Mais quand ? On ne compare pas notre homme à la cuisse de poulet sous vide qui squatte le frigo, cela dit, on reconnaît à celle-ci un sérieux avantage : on sait quand la consommer « de préférence ». Et quand elle devient trop toxique. Impossible de flairer l’homme pour comprendre que notre histoire mérite un aller sans retour. Heureusement, ce qui est bien chez les humains, c’est cette faculté à la parole.
Mieux encore, celle de trouver un terrain d’entente pour se mettre d’accord sur une date de fin, où il sera temps de jouer cartes sur table et de décider si notre histoire continue ou pas.
Tiphaine, 29 ans et Mathieu, 34 ans, se sont fixé une règle : un break par an au moment des vacances et d’une durée de trois semaines, pas plus. « Pendant plusieurs années, on rentrait de nos voyages avec la ferme intention de se quitter. Les vacances pour lui, c’est plutôt flemmarder sur la plage alors que moi, je ne tiens pas en place. Le soir, on s’accusait de ne faire aucun compromis. Un été, il s’est luxé l’épaule. Il est resté trois semaines dans une maison louée avec un copain. Pendant ce temps, j’explorais la Tanzanie en solo. Révélation. Ça nous a permis de souffler et depuis, on a mis en place ce système de “parenthèse limitée”. Le laisser faire ce qu’il aime est aussi une preuve d’amour et sans ce break annuel, ça fait longtemps que notre relation aurait sombré. »
L’avis de la psy :
L’idée d’une séparation pour aller mieux peut sembler paradoxale, pourtant c’est parfois salvateur. Mais pour que les choses soient vécues au mieux, il est indispensable de fixer une date de fin.
Comment ?
Il y a des moments propices aux retrouvailles. La meilleure période ? Le week-end ou les jours fériés, quand votre programme se limite à buller. Choisissez un endroit « neutre » pour discuter tranquillement et dégagez votre esprit de toute forme de stress extérieur.
La fréquence des échanges
On imagine bien qu’en période de break, l’idée est de ne pas intervenir non-stop dans la vie de l’autre, notamment via les réseaux. Alors est-on obligée de se débrancher ou de « s’auto-contrôle-parentaliser » pour vivre son break sereinement ?
Sonia, 28 ans, avait décidé de faire une pause de trois semaines avec son copain Florian, à un moment de sa vie où, selon elle, « les choses sérieuses commençaient : une maison, un monospace, tout ça me paraissait trop cliché et pourtant je fonçais droit dedans. Florian, je l’aime, mais il me fallait un peu de temps pour savoir si je voulais me lancer. J’ai choisi le break, mais en aucun cas avec la volonté de le quitter ». Sonia avait juste besoin de calme… Sauf qu’elle passait plus de temps à réceptionner les textos de son mal-aimé qu’à méditer. « Impossible de réfléchir tranquille. À force, cet étouffement faisait pencher la balance du mauvais côté, j’avais l’impression d’être prise en otage. Sa peur le rendait maladroit et m’interdisait de faire mes propres choix. Je n’ai répondu à aucun message, sauf une fois. C’était trop, je me suis énervée. » L’occasion de mettre les choses au clair : « On a établi une règle : on s’appelle deux fois par semaine. »
L’avis de la psy :
À vous d’instaurer un manuel sur mesure. Le break n’interdit pas de rester en contact, mais il est nécessaire de faire en sorte que l’un ne souffre pas en ayant l’impression que l’autre s’éclate. Si vous vous mettez d’accord sur le rythme des coups de fil et des SMS, pas de larmes ni de méninges triturées.
Comment ?
S’il ne vous laisse vraiment aucun répit, proposez un rendez-vous hebdomadaire, histoire de conserver une proximité rassurante sans renoncer au break. Et si c’est vous qui jouez la harceleuse en série, faites-vous violence : il en va de votre dignité et de l’avenir de votre relation.
La question de la fidélité
Ce qui est bien quand on est en couple, c’est que l’infidélité, on sait ce qu’on en fait : NO WAY. Mais quand il est question de break, c’est la révolution, il n’y a plus de ligne claire. Et on est tous les deux paumés. À moins de décider en amont des termes du contrat.
Laure, 27 ans et Benoît, 30 ans, se sont confrontés à une longue pause d’un an. Pour son premier boulot, Benoît a dû représenter sa boîte au Maroc. Ni l’un ni l’autre n’a voulu souffrir de cette séparation. La seule solution ? Se mettre d’accord sur un deal qui conviendrait aux deux. Laure raconte : « Après trois ans de relation, nous étions certains de nos sentiments. On avait parlé appartement, mariage, bébé. Malgré cette distance imposée, on avait assez confiance pour être sûrs que l’issue allait être heureuse. Mais il ne fallait pas plier sous le poids du manque ou de la jalousie. Nous nous sommes donc autorisé une certaine liberté, sans comptes à rendre. J’ai finalement eu une seule aventure, sans lendemain. Le retour de Benoît, je l’ai vécu comme une évidence puisque je savais qu’il était le bon. »
L’avis de la psy :
La fidélité est souvent « le » point qui n’est pas abordé clairement. Gare aux quiproquos ! L’un se sent libre comme l’air pendant que l’autre se croit rassuré… Aborder cette problématique dès le départ, c’est mettre au clair ses intentions : est-on d’accord sur la définition même du break ? Une petite incartade signe-t-elle la rupture définitive ?
Comment ?
En restant fidèle… à ses engagements. Promesse de fidélité absolue ? On range ses hormones au placard. Et si on s’est mutuellement donné la liberté de papillonner, on évite de parler de ses conquêtes au moment des retrouvailles. Soyons honnêtes, on accueille rarement un adultère (même s’il est « consenti » ») avec une tape dans le dos. Donc on joue la carte de la discrétion et on repart sur de bonnes bases.
Le partage des bénéfices
« Tout ce qui est à toi est à moi. » On est d’accord sur le principe, d’ailleurs on veut bien épiler son mono-sourcil s’il nous prête son beau manteau en cuir. Monsieur décide de faire une pause ? OK, mais à condition qu’on soit nous aussi gagnante. Parce qu’on mérite autant que lui de se faire du bien.
Élise, 26 ans, en couple avec Loïc depuis un an, a su tirer profit de cette pause temporaire. Il lui reproche sa jalousie excessive, elle accepte le break pour le laisser respirer. « Je me suis occupée de moi. J’avais plus de temps, j’ai pris des cours de dessin pour peaufiner ma technique. Surprise : mon prof était canon. Il se penchait sur moi pour m’apprendre à créer du relief avec les ombres. Du relief, il n’y en avait que sur le papier, parce que je ne ressentais aucune attirance. Du coup, je me suis dit que Loïc aussi pouvait discuter avec de jolies filles sans pour autant fantasmer. Le voilà, mon déclic ! Ça m’a appris à être moins possessive et à vivre pour moi au lieu de me confondre en l’autre. »
L’avis de la psy :
Cette période d’interrogation doit être constructive pour chacun. Si l’un en souffre alors que l’autre en jouit, il s’agit d’une forme de sacrifice qui peut générer de la rancœur. Il faut faire en sorte de rétablir une certaine égalité.
Comment ?
Profitez de cette pause pour vous recentrer sur VOS envies. Oubliez les automatismes du style « Un dernier verre, faut pas que je rentre trop tard ». Fini la fille arrangeante, bonjour l’égoïste : moi, moi je, moi je veux. Faites ce que vous n’avez jamais pu pratiquer à deux (dans les limites de la décence, entendons-nous bien) : un baptême de plongée, un week-end à écumer les vernissages (ou les soirées) entre copines… Éclatez-vous, découvrez-vous, vous en sortirez grandie. Votre couple aussi.
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