Pourquoi vous tombez malade après une période de stress
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous tombiez malade après une période particulièrement stressante (une deadline serrée au travail, des examens de fin d’année ou des invités pendant plusieurs jours)?
Ca n’est pas un hasard. Le phénomène du contrecoup désigne un semble de circonstances dans lesquelles on développe les symptômes d’une maladie ou d’une affection chronique, non pas au cours de l’épisode de stress, mais quand il est passé, explique le psychologue Marc Schoen. Ce professeur adjoint de médecine à l’Université de Californie-Los Angeles est notamment l’auteur de When Relaxation Is Hazardous to Your Health (« Quand le relâchement est mauvais pour la santé »).
Les scientifiques ont établi le lien entre la baisse du stress ressenti et l’augmentation des symptômes douloureux et autres. Selon une étude, il y a davantage de crises de panique le week-end. Une autre étude, publiée en 2015 à Taïwan, a démontré qu’il y avait plus d’admissions aux urgences pour des ulcères de l’estomac les dimanches et jours fériés.
En 2014, des chercheurs de l’école de médecine Albert Einstein à New York ont demandé aux personnes souffrant de migraines de consigner dans un carnet électronique leurs symptômes et leur niveau de stress pendant trois mois. Si le niveau de stress n’avait pas d’effet sur les cas de migraine, une baisse du stress d’un jour à l’autre s’accompagnait de migraines six à dix-huit heures plus tard, preuve de ce que les scientifiques appellent la « migraine du contrecoup ». Ce phénomène est égalementlié à des crises d’asthme, de maladies auto-immunes (comme le lupus et la maladie de Crohn), de troubles digestifs et de problèmes de peau (comme l’eczéma et le psoriasis), explique le Dr Schoen.
Hormones du stress
On savait depuis longtemps que le stress était mauvais pour la santé, mais le lien entre fin de stress et apparition de symptômes chez certains patients n’a été établi que récemment. Afin de comprendre comment et pourquoi cela arrive, il est intéressant de rappeler comment le stress affecte notre corps.
Pendant les périodes de stress intense, le corps humain produit des hormones essentielles – dont les glucocorticoïdes (comme le cortisol), les catécholamines (comme la norépinéphrine) et l’adrénaline – pour se préparer au combat ou à la fuite, et provoquer certains types de surveillance dans le système immunitaire. Ce faisant, « les glucocorticoïdes peuvent réactiver des infections virales latentes comme l’herpès simplex 1 [boutons sur les lèvres] et le virus Epstein-Barr [fatigue, fièvre, maux de gorge, inflammation des glandes], dont les symptômes n’apparaissent qu’après de quelques jours », explique la neuropsychologue Leah Pyter, professeur adjoint au centre médical de l’Université de l’Ohio, à Columbus. Ceci explique pourquoi la maladie ne se déclare parfois qu’après les moments de stress, par exemple le week-end, en vacances ou après une période d’examen.
Dans l’intervalle, quand vous êtes sous pression, la poussée de cortisol et d’autres hormones du stress peuvent vous protéger de la douleur. C’est utile sur le moment car cela permet de se mettre à l’abri dans une situation dangereuse sans être gêné par la douleur, explique la psychologue Dawn Buse, directrice de la médecine comportementale au Montefiore Headache Center et professeure adjointe du service neurologie de l’école de médecine Albert Einstein. « Après l’épisode de stress, le corps reprend son état normal et les systèmes qui avaient été stimulés sont désactivés. Le niveau de cortisol et d’autres hormones du stress se met à baisser, ce qui peut entraîner l’apparition des migraines » et d’autres douleurs chroniques, comme lesfibromyalgies et les arthrites.
Cette baisse soudaine de stress peut également vous mettre à plat: « Le stress physique et mental génèrent la même réaction inflammatoire, ce qui ouvre la voie aux maladies ou au fameux contrecoup », nous dit le Dr Schoen. Quand ces deux formes de stress diminuent, « une régulation négative du système immunitaire s’opère, accompagnée de la suppression des réponses immunitaires, en réaction à la baisse du stress ». De plus, la variation du niveau d’hormones du stress peut affecter la production de dopamine dans le cerveau, entraînant des crises de boulimie ou des problèmes de toxicomanie car les personnes concernées cherchent (inconsciemment) à faire remonter leur taux de dopamine pour ressentir du plaisir.
Comment éviter le surmenage
L’un des meilleurs moyens d’éviter le contrecoup est d’empêcher le stress de trop vous affecter. Par exemple en évitant le surmenage quand vous êtes sous pression, en faisant beaucoup de sport, en dormant suffisamment, en ayant une alimentation saine et en prenant soin régulièrement de décompresser (par la méditation, la respiration rythmée ou d’autres méthodes de relaxation), explique le Dr. Nieca Goldberg, directrice du Joan H. Tisch Center for Women’s Health au centre médical Langone de l’Université de New York. « Dans les périodes de stress, prévoyez des pauses » afin de ne pas être à fond 24 h sur 24. La réaction de défense ou de fuite peut d’ailleurs être désactivée très efficacement en respirant avec le diaphragme et la visualisation », ajoute le Dr Buse. « Si vous avez beaucoup de stress au travail, prenez ne serait-ce que 30 secondes pour vous concentrer sur votre respiration entre deux réunions ou rendez-vous, et tentez d’éviter d’accumuler du stress tout au long de la journée. »
« Si l’approche préventive n’est plus d’actualité, atténuez les effets du contrecoup en aidant votre corps à se déstresser progressivement, comme quand on récupère après le sport », reprend le Dr Schoen. L’essentiel est de rester « en léger surrégime afin d’empêcher le système immunitaire de rétrograder brusquement » quand le stress prend fin.
Pour cela, trouvez le moyen de stimuler juste comme il faut votre corps et votre l’esprit. Physiquement, cela peut passer par des « exercices modérés très rapprochés – comme le jogging ou le fait de grimper des escaliers pendant cinq à six minutes, plusieurs fois par jour ». Pour ce qui est du mental, essayez des résoudre des problèmes mathématiques compliqués, de faire des mots croisés ou des jeux vidéo, ou jouez aux échecs avec une pendule pendant une demi-heure ou une heure. Faites ceci pendant trois jours après l’épisode de stress, une » période critique » qui devrait vous permettre de ne pas subir de contrecoup.
Source: slate.fr
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