Du Botox contre les douleurs neuropathiques localisées

La toxine botulique de type A – plus connue sous le nom de Botox même si elle est commercialisée sous d’autres marques – est un vrai médicament. Certes, son utilisation la plus fréquente et la plus médiatisée concerne l’effacement de certaines rides du visage, principalement celles du front. Mais elle a d’abord été injectée à titre thérapeutique. Une nouvelle indication semble se dessiner : les redoutables douleurs neuropathiques – souvent liées à la lésion d’un nerf, par exemple après une intervention chirurgicale, un traumatisme, ou en raison d’une maladie neurologique -, qui affectent des milliers de personnes en France et contre lesquelles il n’existe pas de traitement satisfaisant.


Woman receiving botox injection at spa

Injectée dans un muscle

Tout a commencé dans les années 1950, quand un Canadien a montré que son injection de cette toxine dans un muscle hyperactif provoquait son relâchement temporaire. Elle a d’abord été expérimentée pour traiter le strabisme. Mais depuis, en plus d’éviter le recours à la chirurgie à bon nombre d’enfants qui louchent, son champ d’action s’est énormément étendu : blépharospasme (paupière tombante), torticolis spasmodique, crampe de l’écrivain et du musicien, spasme hémifacial, spasticité localisée (excès de tonus musculaire par exemple après un traumatisme cérébral).

Cette puissante toxine a également envahi progressivement d’autres sphères de la médecine. Elle permet notamment de combattre les excès de transpiration, l’hypersalivation chez les patients atteints de certains problèmes neurologiques, les maux de tête et l’incontinence urinaire (notamment celle due à une hyperactivité de la vessie). Elle est parfois employée hors AMM (autorisation de mise sur le marché), donc dans des indications qui ne sont pas – encore ? – validées par les autorités de santé. C’est le cas pour les douleurs neuropathiques.

Des mises en garde

L’équipe de Nadine Attal* a récemment conduit une étude dans ce domaine. D’après ses résultats, après 24 semaines de suivi, l’évaluation de la douleur passait en moyenne de 6,5 à 4,6 (sur une échelle allant de 0 à 10) dans le groupe Botox, contre 6,4 à 5,8 dans le groupe recevant un placebo. Pour ceux qui souffrent, la différence est importante… Et les personnes ayant bien répondu à la première séance d’injection étaient plus soulagées après la seconde séance. Pour elle, ce travail a non seulement confirmé l’efficacité de la toxine botulique de type A, mais elle a aussi permis de mieux cerner le profil des patients pouvant en bénéficier. Il faut que le territoire douloureux soit peu étendu, qu’ils aient une bonne sensibilité à la chaleur dans la zone concernée et une douleur provoquée par un contact ou un simple effleurement.


Mais la spécialiste met en garde : « Ce traitement ne pourra être proposé qu’en cas d’échec des thérapies conventionnelles, car les injections doivent être réalisées à l’hôpital et sont souvent douloureuses. » Il n’empêche, tout nouvel espoir de soulagement est à prendre en considération, car, comme le rappelle Nadine Attal, ces douleurs « ne répondent pas aux antalgiques classiques et, si les médicaments le plus souvent proposés – comme les antiépileptiques ou les antidépresseurs – peuvent être efficaces, c’est au prix d’effets indésirables souvent gênants ».

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