Un couple risque 18 ans de prison pour avoir donné du lait végétal à leur bébé

Après l’allaitement et en estimant que les biberons de lait artificiel ne réussissaient pas à leur bébé, les parents – des flexitaristes (des végétariens flexibles dans leurs pratiques alimentaires) qui ont leur propre magasin bio – se sont tournés vers le lait exclusivement végétal pour nourrir leur bébé de ses trois à ses sept mois. Durant quatre mois donc, ils ont alterné lait de maïs, de riz, d’avoine, de quinoa ou de sarrasin dans les biberons. Or ces boissons lactées sont des alternatives au lait de vache mais pas au lait infantile.


br
La nuit du 6 juin 2014, leur enfant souffrait de vomissements tels que les parents se sont résolus à aller consulter un médecin-homéopathe, à une heure de route de chez eux, et ce pour la première fois en plusieurs mois. « Il nous avait été conseillé par des amis. Et même si Bilzen était à une heure de chez nous, nous trouvions notre bébé assez bien que pour faire ce trajet », se défend le père. Vu l’état de l’enfant, le médecin les a pourtant sommés de l’emmener à l’hôpital sans plus attendre, mais en vain: le bébé est décédé avant même d’atteindre les urgences. « Nous ne savons toujours pas ce qui a pu se produire », déclare Peter S., le père de 34 ans.

Le jour de sa mort, le petit garçon de sept mois ne pesait plus que 4,3 kilos, un poids nettement inférieur aux courbes de croissance. Des membres de la famille, inquiets pour la fratrie, ont alerté la justice du contexte et des agissements des parents. Après autopsie, il a en effet été établi que l’enfant était décédé de déshydratation et de dénutrition. La malnutrition était donc chronique. La question est aujourd’hui de déterminer la responsabilité des parents du nourrisson. « Les parents n’ont rien fait face à son amaigrissement », accuse le procureur, Pascal Persoons. « Ils ont simplement continué encore et encore avec leurs laits végétaux. Un tel comportement doit être poursuivi ».

Les parents, eux, expliquent avoir au contraire cherché à faire au mieux pour leur bébé souffrant. La mère en larmes a reconnu à l’audience, mais à contrecoeur, qu’en connaissant maintenant la tournures des choses, elle aurait « peut-être dû consulter un médecin plus vite ». « Mais être poursuivis pour refus délibéré de nourriture, je ne peux pas l’accepter. Je me levais même jusqu’à quatre fois par nuit pour nourrir mon bébé », a-t-elle sangloté, dévastée.

Le père ne l’a pas suivie dans son raisonnement et reste dans le déni quant à leur éventuelle responsabilité dans les faits. « C’est facile de juger après coup. A nos yeux, nous ne faisions rien de mal et avons fait de notre mieux pour soigner notre bébé ». Après l’audience, il a ajouté que s’ils n’avaient jamais consulté de médecin avant le drame, c’est parce qu’ils ne s’étaient jamais vraiment inquiétés. « Nous pensions simplement que notre enfant était intolérant au lactose et au gluten », a expliqué à la barre Sandrina V., la mère. « J’ai dû arrêter d’allaiter après trois mois car je ne produisais plus assez de lait. Et vu que notre bébé ne réagissait pas bien au lait artificiel traditionnel – il avait des coliques et vomissait – nous avons décidé de plutôt lui donner du lait végétal pour le soulager. Nous avons tout essayé pour trouver une nourriture qui lui convenait. Et nous n’avons à aucun moment réalisé, au cours de cette adaptation alimentaire, que notre enfant avait un problème ».

Pour Pascal Persoons, le problème est pourtant évident. « Cet enfant était gravement dénutri. Aucun médecin ne leur a jamais diagnostiqué de quelconque intolérance au gluten ou au lactose. L’enfant n’a pas de dossier à l’ONE. Ce nourrisson a perdu deux kilos sans que ses parents n’agissent. Ils ont persisté à donner des alternatives au lait traditionnel. C’est de la malnutrition volontaire. La soeur de la mère elle-même témoigne pour dire que le bébé était vraiment en mauvais état quelques heures avant son décès. Et malgré tout, leur aversion pour la médecine traditionnelle a été plus forte et les a poussés à rouler une heure jusque Bilzen avec un bébé malade plutôt que se rendre aux urgences les plus proches. Cela illustre bien la gravité des faits ».


L’avocate des parents veut recadrer le déroulement des faits: « Ces gens n’ont absolument jamais souhaité la mort de leur enfant. Au contraire, vu qu’ils ont vraiment tout essayé pour nourrir leur enfant. Même l’ONE a constaté lors d’une visite antérieure que le bébé avait une bonne croissance. Et ces personnes n’ont toujours pas surmonté leur tristesse ».

Le père confirme leur bonne foi et leur bonne volonté: « Avec certains laits, il grossissait et avec certains autres, il perdait du poids donc nous alternions toujours pour trouver l’alimentation la plus équilibrée pour lui. Nos deux grandes filles ont d’ailleurs partiellement grandi avec des laits végétaux dans leur alimentation et elles sont en parfaite santé. C’est abominable de nous retrouver devant un juge aujourd’hui ». La famille s’est par ailleurs agrandie depuis le décès du petit garçon voilà trois ans. Les parents incriminés ont eu une troisième fille aujourd’hui. A l’audience, le juge a pu entendre que depuis le drame, les parents « foncent chez un médecin dès que l’une des filles éternue ».

La problématique réside ici dans la méconnaissance de l’impact des laits végétaux, réputés plus sains, pour le développement des enfants. Pour Elisabeth De Greef, gastro-entérologue pour enfants à l’UZ Bruxelles, ces laits d’avoine, sarrasin ou quinoa « ne sont pas adaptés et ne peuvent en aucun cas être administrés à des nourrissons et ne sont pas sains non plus pour les bébés plus âgés. Ces laits que vous pouvez acheter au supermarché ne contiennent pas les protéines, minéraux et vitamines nécessaires pour la croissance. La seule alternative pour les bébés réellement intolérants à la fois au lactose et au gluten est un lait artificiel avec une formule spécifique et très élaborée. Il faut conseiller aux parents d’être particulièrement suivis et informés dans de tels cas ».

Le jugement des parents est prévu pour le 14 juin. La défense demande l’acquittement.

Source: 7sur7.be

Voir aussi:

Jalouse de l’attention que son mari leur donnait, elle tue ses trois enfants
Battues, ces femmes s’affichent sur les réseaux pour lutter contre la violence conjugale
Les dix bons critères pour flairer rapidement une dépression
Ce bouton magique qui permet aux femmes d’accéder au septième ciel
Elle a perdu 88 kilos en deux ans, mais ce changement physique n’est pas sans conséquence